mobilisation du 1er février, le message n’est pas passé !

Compte-rendu d’audience avec la DASEN de l’Allier

suite à la journée de mobilisation dans l’Education Nationale du 1er février

Mme Lamy-Au-Rousseau, DASEN de l’Allier et M Martin, secrétaire général de la DSDEN ont reçu une délégation syndicale (SUD éducation, FSU, CGT, UNSA et FO) à la suite du rassemblement d’une centaine de manifestant-es devant l’Inspection à Yzeure. S’étaient joints à la délégation deux représentant-es de l’école Jacques Prévert d’Yzeure. Cet établissement est menacé de perdre une classe à la rentrée prochaine. Ses deux porte-paroles auraient souhaité être entendu-es par Mme la DASEN. Cette dernière a refusé prétextant que l’audience avait été accordée uniquement pour traiter des revendications nationales. Elle a invité les deux représentant-es de l’école J. Prévert à prendre contact avec son cabinet et s’est engagée à les recevoir au plus vite. Nous avons fait savoir que nous déplorions ce refus estimant que la menace pesant sur l’établissement scolaire d’Yzeure découlait des décisions ministérielles. Ainsi les revendications du collectif d’enseignant-es et de parents d’élèves s’opposant à la fermeture de classe dans leur école avaient leur place au cours de cette audience. Nous espérons que Mme Lamy-Au-Rousseau tiendra parole et recevra la délégation éconduite. Nous serons vigilant-es.

Les représentant-es des syndicats se sont exprimé-es à tour de rôle pour faire connaître les raisons de la colère et les revendications des personnels de l’Allier. SUD éducation a notamment insisté pour que Mme la DASEN prenne conscience que cette mobilisation était à prendre au sérieux et était révélatrice d’un profond mal-être chez l’ensemble des personnels. Nous avons fait part du constat dramatique d’épuisement et de découragement généralisés chez ces dernier-es provoquant de nombreux arrêts et démissions.

Nous avons évoqué le fait que les injonctions contradictoires et l’accumulation des réformes à un rythme effréné s’assimilent à de la maltraitance institutionnelle.

De ce fait, nous avons mis en avant la véritable saturation chez les personnels dont les causes sont multiples. Parmi elles  :

  • les non-remplacements qui engendrent : des conditions de travail dégradées dans les classes qui accueillent les élèves des collègues non-remplacé-es, une culpabilisation des collègues en arrêt ou qui participent à des formations de droit, des retard dans les enseignements...

  • les effectifs par classe qui ne permettent pas de bonnes conditions d’apprentissages

  • la multiplication des missions qui sont chronophages et qui font passer au second plan le cœur même de notre métier

  • la mise en place sans véritables moyens du dispositif pHARe ainsi que la pression et la culpabilisation d’inspecteur-ices envers les collègues dans le cadre de ce dispositif

  • les nombreuses réunions sur le temps personnel

  • le manque de moyens humains et de formation pour inclusion scolaire

  • les évaluations (des élèves comme des établissements) à outrance

  • l’augmentation du nombre de précaires et de contractuel-les

  • la mise en place du PACTE  que nous jugeons comme une mesure inégalitaire, une attaque du statut et une source de discorde dans les établissements.

SUD éducation s’est associé aux autres syndicats qui ont ensuite dénoncé le « choc des savoirs » (dont la volonté de mettre fin au collège unique, la mise en place des groupes de niveaux, l’instauration du manuel unique et plus globalement l’atteinte à la liberté pédagogique des enseignant-es), la suppression de 14 classes dans le premier degré et des Dotations Horaires Globales (DHG) catastrophiques dans le second degré pour la prochaine rentrée, la baisse drastique du temps de formation dans les lycées pro suite aux nombreuses réformes appliquées à marche forcée.

Les revendications des personnels portées par les syndicats ont été posées :

  • création de 250 postes dans le départements (pour la formation, les remplacements, l’inclusion scolaire, l’instauration du dispositif « plus de maitre-sses que de classes »)

  • une formation continue de qualité

  • une augmentation généralisée des salaires par l’accroissement du point d’indice

  • des moyens humains et financiers pour l’école inclusive en commençant par la titularisation et une formation digne de ce nom pour les AESH

  • la nationalisation des établissements privés afin que les fonds publics servent uniquement à l’école publique et laïque.

  • Le recrutement de médecins du travail, d’infirmier-es, d’éducateur-ices spécialisé-es, d’orthophonistes, de psychologues scolaires.

  • La fin de la mise en concurrence des lycées pro et des CFA privés

  • l’abandon de l’expérimentation de la tenue unique et la réorientation des investissements prévus pour l’uniforme vers de véritables mesures d’équité : gratuité des cantines, des fournitures et manuels scolaires, rénovation du bâtit...

Après nous avoir écouté sans intervenir, Mme la DASEN a pris la parole pour d’une part indiquer qu’elle avait  entendu les inquiétudes et les revendications évoquées  et qu’elle  les ferait remonter .

Elle a ensuite malheureusement tenu un discours institutionnel démontrant qu’elle n’a pas compris les raisons de la mobilisation et du raz-le-bol généralisé dans les établissements.

Commençons déjà par sa vision du fonctionnaire. Elle a cru bon de rappeler qu’un-e fonctionnaire est fait pour mettre en place la politique nationales. En d’autres termes, obéis et tais-toi. A SUD éducation, nous ne partageons pas cette vision. Un-e fonctionnaire est au service du public et des usager-es. Nous ne sommes pas aux ordres d’une majorité gouvernementale. Nous nous devons de faire vivre et de protéger le service public face aux attaques que ce dernier subit. Et c’est justement grâce à l’engagement et au professionnalisme de l’ensemble des personnels que le service public de l’Education Nationale fonctionne malgré les réformes libérales désastreuses auxquelles Mme Lamy-Au-Rousseau nous demandent de nous adapter.

Mme la Dasen pense que les personnels sont inquiet-es parce que les évolutions des établissements vont bousculer nos habitudes! Il faudrait selon elle au contraire saisir la perche pour évoluer sur nos pratiques ! Au-delà du fait qu’il s’agit là de propos infantilisants et blessants en laissant entendre que nous ne souhaiterions pas évoluer dans nos fonctionnements, cela montre à quel point Mme Lamy-Au-Rousseau est passée totalement à côté de la colère des personnels. Car ce n’est pas le changement que nous refusons Mme la DASEN, mais ce sont les réformes dans ce qu’elles portent que nous rejetons.

Nous les refusons parce qu’elles vont à l’encontre du principe d’un service public de l’Education Nationale égalitaire, équitable, émancipateur et inclusif. Nous rejetons ces réformes parce qu’elles détériorent les conditions d’apprentissages de nos élèves ainsi que nos conditions de travail. Elles engendrent un tri social et une disparité à travers le territoire inacceptables.

Ainsi Mme la DASEN, nous ne voulons pas comme vous l’avez énoncé que ça se passe le mieux possible malgré une organisation compliquée . L’organisation n’est pas compliqué, elle est maltraitante envers les personnels et les élèves !

Ainsi Mme la DASEN, nous n’acceptons pas une nouvelle perte de 14 postes dans l’Allier parce que malgré ces pertes le taux d’encadrement augmente. Nous travaillons avec de l’humain, pas des chiffres (qui plus est interprétables selon leur lecture) !

Ainsi Mme la DASEN, nous refusons de concevoir les élèves des lycées pro comme des ressources à qu’il faut mettre en situation insérante. Nous estimons que la mission du lycée est de former les élèves en fonction de leur envie, et non en fonction du bassin économique dans lequel ils et elles vivent et du besoin en main d’œuvre des entreprises de ce dernier.

SUD éducation déplore cette posture et regrette que l’institution ne prennent pas au sérieux le message que les personnels, élèves et parents d’élèves ont fait passer lors de cette journée d’action. Face à cela, nous n’avons d’autre choix que de poursuivre la mobilisation. Pour défendre une école publique, pour défendre nos conditions de travail, pour une véritable reconnaissance des personnels, SUD éducation appelle les personnels à se réunir en assemblées et discuter ensemble de l’organisation de nouvelles journées d’actions. Dans certains départements, les personnels réunis en AG, ont voté la poursuite de la grève les 6, 7 et 8 février. Dans l’Allier, les raisons sont aussi nombreuses pour nous mobiliser.