Le devoir de réserve des enseignant·es n’existe pas

Amalgame entre neutralité et réserve : une note rentrée plus qu’ambigüe

Les enseignant·es ont reçu comme à chaque rentrée scolaire de la part d'IEN une note de rentrée donnant diverses informations et rappels institutionnels.

Au milieu de celle-ci, on peut lire ceci : « Toute communication à la Presse est réservée à Madame l’Inspectrice d’Académie, Directrice Académique des Services de l’Education Nationale. En cas de sollicitation rien ne peut s’envisager sans l’aval du Cabinet. Pour rappel, les fonctionnaires de l’état ont un devoir de neutralité et ne peuvent exprimer une opinion personnelle dans l’exercice d’une mission de service public. »

Nous dénonçons ce passage qui d’une part fait fait référence au devoir de neutralité des fonctionnaires existant réellement mais laisse entendre qu’il les empêcherait d’exprimer une opinion. Et d’autre part, informe que les enseignant.es ne pourraient pas s’exprimer dans les médias sans l’aval de la DSDEN.

L’article 26 du Titre premier du statut général des fonctionnaires portant droits et obligations des fonctionnaires pose que les fonctionnaires sont tenus à la discrétion et au secret professionnel UNIQUEMENT.

Ainsi afin de lever toutes ambiguïtés, nous tenons à rappeler aux IEN et à informer l’ensemble des enseignant·es que le devoir de neutralité et de discrétion s’applique uniquement au sein de la classe et oblige les professeur·es à d’une part ne pas faire connaître leurs opinions politiques et/ou religieuses à leurs élèves et d’autre part ne pas communiquer d’informations concernant les élèves ou les familles à des personnes non autorisées. Par contre, les enseignant.es ne sont nullement soumis à un devoir réserve.

Même si depuis l’arrivée de Macron et la loi de la « confiance » du ministre Blanquer, les ministres s’emploient à tenter de faire taire les personnels de l’Education Nationale, ils ne peuvent pas imposer un prétendu « devoir de réserve » qui n’existe pas. Il aurait fallu pour cela modifier le statut de la fonction publique.

Les enseignant·es ont le droit, une fois le portail de l’école franchi et sans en référer à qui que ce soit : de parler, de contester la politique éducative du gouvernement, de parler aux médias, de signer des pétitions, de se mobiliser contre des fermetures de classes ou pour défendre des familles menacées d’expulsion, de se réunir pour cela avec des parents d’élèves… Le devoir de réserve est une légende, ne nous laissons pas bâillonner !